Dans notre monde de ouinneurs, l’échec est très mal vu. L’échec, c’est pour les faibles, seuls les bons réussissent.
Le Systema (art martial russe) m’a aidé à synthétiser mes idées sur l’échec, à bien l’apprécier comme mode de progression. Et à l’accepter comme inévitable.
Inévitable, pas définitif.
L’échec est tellement craint et redouté qu’on fait tout pour l’éviter. En effet, qui a envie de se vautrer ? D’ailleurs même quand on ne réussit pas, au moins on essaye que ce ne soit pas un échec. Un demi-succès, un quart de succès, même, semble toujours préférable.
On dépense tellement d’énergie à l’éviter qu’on fini par développer des stratégies complexes et couteuses au lieu d’aller au plus simple.
Dans un art martial (ou dans un combat), l’échec c’est par exemple, de se faire toucher. Et on en vient à craindre le coup de poing, à se focaliser dessus, comme si on était dans un film américain (ou le héros met ko. les méchants du premier coup de poing) au lieu et au détriment de se concentre sur l’après.
Je suis touché, je suis tombé, peut-être. Et après ? J’ai encore la force de me relever, de riposter.
Dans la vie, dans le survivalisme, l’échec est inévitable. Je me suis déjà trompé, et je vais encore me tromper, malgré le fait que je n’en ai absolument pas envie, malgré mes précautions, malgré mon entrainement.
Mais déjà, maintenant, je peux me permettre de me tromper. Je peux m’offrir le luxe d’être malade parce que j’ai mangé un truc que je n’aurai pas du, d’aller aux urgences parce que je suis entaillé, d’avoir des ampoules aux mains, ou de foirer une récolte.
Lors de l’effondrement de la normalité, ce ne sera plus le cas.
Plusieurs choses comptent.
- La première, c’est de ne pas se complaire dans l’échec. Echec, oui, médiocrité, non. On tombe, on se relève.
- Ensuite, c’est de toujours analyser pourquoi on s’est planté, comment faire, qu’est-ce qu’on aurait du faire (et est-on vraiment sur que de cette façon on aurait évité l’échec), bref mettre à profit cette expérience. Sinon, on est tombé pour rien. Et ça, ça n’est pas acceptable.
- Troisièmement, limiter la casse. Quand je suis bourré, j’ai appris à ne plus vomir sur mes pompes. Ca s’appelle l’habitude. Ca prend du temps. Et du savon. Quick feets are happy feets.
Quatrièmement, ne pas surestimer l’échec. C’est typiquement ce que font tous ceux qui ont peur de se lancer. En allant draguer une fille, par exemple.
"Et si elle me disait non ? Je ne crois pas que je pourrais le supporter"*.
- Cinquièmement, ne pas sous-estimer l’échec, au contraire. Accepter qu’une chose puisse aller mal, tomber en panne, se casser. Règle de la vie : si ça peut aller mal, ça ira mal. Ca force à se demander comment faire sans. Et comment la remplacer. Aussi appelé plan B.
- Sixièmement, l’échec force à l’humilité. Même si c’est temporaire, c’est déjà une très bonne chose.
Quoi que nous fassions, vous et moi allons nous en prendre dans la gueule.
Une fois, deux fois, cinq fois. Acceptez d’être touchés.
* Oui, il y a une refernce !!